Bibliothèque Nationale - Sanayeh

Histoire de la bibliothèque nationale

1919
Le vicomte Philippe de Tarrazi (1865 – 1956), bibliophile et historien de la presse arabe, crée une bibliothèque dans sa propre résidence à partir de sa collection personnelle. La collection comprend alors une vingtaine de milliers de documents imprimés et près de trois mille manuscrits en plusieurs langues.

1921
Son logement ne pouvant plus contenir une collection en continuelle croissance, de Tarrazi transfère alors, à l'école des «Diaconesses Prussiennes», ce qui constituera le noyau de la future Bibliothèque Nationale. Il nomme l'institution «La Grande Bibliothèque de Beyrouth» (GBB) et choisit huit intellectuels pour l'assister. 
Dès lors, de Tarrazi lutte pour obtenir la reconnaissance par les autorités libanaises de cette nouvelle institution. Le 8 décembre 1921, il finit par avoir gain de cause lorsque l'Etat libanais l'érige au rang de Bibliothèque Nationale. Enfin devenue institution étatique, elle est rattachée à la direction générale de l'Education.

1922
Le 25 juillet 1922, l'inauguration officielle de la Grande Bibliothèque de Beyrouth a lieu dans son local des «Diaconesses» au centre ville de Beyrouth, sous la présidence du Haut Commissaire français, le Général Gouraud, et en présence de personnalités libanaises et françaises ainsi que des notables et intellectuels du pays. De Tarrazi est alors nommé secrétaire général puis conservateur de cette nouvelle institution. Il occupera ce poste jusqu'en 1939.

1922-1928
De Tarrazi entreprend plusieurs voyages en Europe puis en Egypte pour acquérir de nouveaux ouvrages et récolter des dons. Un réseau de relations avec les intellectuels et les bibliophiles de la région est tissé.
Durant son absence, la négligence des employés provoque une désorganisation au sein de la bibliothèque. De retour de voyage, de Tarrazi retrouve une institution plongée dans le chaos, ce qui l'oblige à recruter une nouvelle équipe qui réorganisera le travail.

1924
La loi sur le dépôt légal (arrêté no 2385 signé par le Général Weygand le 17 janvier 1924) est instaurée.

1935
Est fixé par décret le statut administratif de la Bibliothèque Nationale qui devient un service rattaché au ministère de l'Education nationale.

1937
La BNL emménage avec ses 32 mille documents dans son nouveau local, construit par l'ingénieur Mardiros Altounian, dans le bâtiment du Parlement situé Place de l'Etoile à Beyrouth. L'inauguration officielle a lieu le 7 juin 1937 en présence du président de la République, Emile Eddé, et une foule de personnalités. Une équipe de huit personnes, détachée du ministère de l'Education nationale, y travaille. La bibliothèque demeurera dans ce local jusqu'au début de la guerre en 1975.

1939
De Tarrazi démissionne du poste de directeur de la Bibliothèque Nationale le 25 novembre 1939.
A partir de cette date, plusieurs bibliothécaires lui succèdent, dont Youssef Assad Dagher, Abdel Latif Charara, Hector Khlat, Khalil Takeyeddine, Noureddine Beyhum et Ibrahim Mouawad. Au cours de cette période, une équipe de trente cinq personnes travaille à la Bibliothèque et veille à son bon fonctionnement.

1940-1975
Les collections de la bibliothèque comptent environ 200,000 documents, imprimés ou manuscrits, ainsi qu'une importante collection d'archives (documents administratifs et historiques laissés par les Turcs en 1918; documents et études de la mission Huvelin constituant les archives des premières années du mandat français). La Bibliothèque constitue alors une référence pour les universitaires, enseignants, fonctionnaires et pour les bibliothèques libanaises, essentiellement universitaires. 
Un hall est entièrement consacré aux collections précieuses et aux vieux manuscrits dont le Shâh Nameh Al Ferdowsi. Aux murs, sont accrochés des portraits peints à l'huile représentant les piliers de la renaissance du XVIIème au XXème siècle.
L'enrichissement des collections s'est notamment fait grâce à de nombreux donateurs parmi lesquels on retrouve le premier président de la République après l'indépendance, Cheikh Béchara el-Khoury, des collectionneurs comme G. Yanni ou G. Safa ainsi que des familles de certains auteurs libanais, tel Habib Farès.

1975
Les combats de la guerre qui vient de se déclencher touchent le centre ville où se situe la Bibliothèque Nationale. Durant les années de guerre, celle-ci subira d'importants dégâts. Selon certaines sources, 1 200 manuscrits des plus précieux auraient disparu, et il ne restera aucune mémoire de l'organisation et des modes de fonctionnement de cette bibliothèque.

1979
Le gouvernement libanais décrète le gel des activités de la BNL. La collection historique est confiée à la Banque du Liban puis aux Archives Nationales. Elle comprend les manuscrits, les tableaux ainsi que la collection des premiers exemplaires de périodiques libanais de Philippe de Tarrazi.

1983
Afin de les mettre à l'abri, les livres et périodiques sont mis en caisse et transférés dans un dépôt à l'Unesco, qui subira à son tour les dommages de la guerre. Les conditions de stockage deviennent alors nuisibles à leur préservation (humidité et insectes).

1993
Afin de les mettre à l'abri, les livres et périodiques sont mis en caisse et transférés dans un dépôt à l'Unesco, qui subira à son tour les dommages de la guerre. Les conditions de stockage deviennent alors nuisibles à leur préservation (humidité et insectes).

1994
Une mission d'expertise de la Bibliothèque nationale de France dresse un état des lieux et élabore un premier plan de travail. Un local provisoire est alors affecté à la BNL à Sin el Fil dans la banlieue Est de Beyrouth, et les caisses entreposées dans un dépôt plus sec.

1995
La modification de la loi sur les imprimés confie le dépôt légal aux Archives Nationales.

1999
Suite à un nouveau rapport d'expertise de la BnF et de l'Union européenne, le ministre libanais de la Culture déclare que le chantier de réhabilitation de la BNL est une des priorités de l'année 1999. 
Le décret no 29 du Conseil des ministres met à la disposition du ministère de la Culture le local de l'actuelle Faculté de droit de l'Université libanaise à Sanayeh, afin d'y installer les locaux définitifs de la Bibliothèque Nationale. 
Le ministère de la Culture signe avec l'Agence Internationale de l'ISBN (International Standard Book Number) un accord permettant au Liban d'adhérer au système international de numérotation du livre. L'ISBN, qui donne à chaque livre édité au Liban un numéro international et une identité mondiale, devient opérationnel en 2000.

2000
En avril 2000, les livres et périodiques sont cette fois déménagés dans les locaux de l'Université libanaise à Hadath. La désinfection globale de l'ensemble des collections a lieu sous la supervision du Centre International de Conservation du Livre d'Arles (France) dans le cadre du projet ManuMed(Manuscrits de la Méditerranée).
Le 27 mars 2000, La Fondation Libanaise de la Bibliothèque Nationale est créée par Avis 37/AD.

2001
Un projet de loi cadre du ministère de la Culture instituant la Bibliothèque Nationale comme un établissement public et définissant clairement ses missions est adopté par le Conseil des ministres et transmis au parlement libanais pour vote.

2002
Un local, situé dans la zone franche du port de Beyrouth, est enfin affecté à l'atelier de sauvetage des collections. L'atelier est aménagé et une équipe est constituée afin de procéder au nettoyage, au tri et à l'inventaire des collections.

2003
Le Projet de Réhabilitation de la Bibliothèque Nationale est lancé pour une durée de trois ans. Il a pour objectifs: le traitement physique et intellectuel des collections, la formation des ressources humaines, l'établissement de l'Institution de la BNL, la préparation du concours architectural. 
Ce projet est financé par l'Union Européenne. Son budget est de 1 375 000 Euros dont 80% sont assurés par l'Union Européenne et les 20% restants par l'Etat libanais.

2005
En octobre 2005, l'Emir du Qatar, Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani, annonce un don de 25 millions de dollars pour la restauration de l'ancien local à Sanayeh et la construction de nouveaux espaces nécessaires pour accueillir la Bibliothèque Nationale. 

2006
Le Projet de Réhabilitation de la Bibliothèque Nationale du Liban prend fin en vertu de l'accord avec la délégation de la Commission européenne au Liban. Le programme architectural pour la construction du futur local de la BNL à Sanayeh est établi. Les missions, les fonctions et le projet d'organigramme de la Bibliothèque sont définis.

2007
L'Etat libanais lance le Projet de Renaissance de la Bibliothèque Nationale en continuation du Projet de Réhabilitation et se charge de son financement. Ses missions sont: le catalogage et l'indexation des collections de la BN, la restauration des vieux ouvrages, la recherche bibliographique en vue de développer les collections existantes, et la construction du site Internet du Projet.

2008
Le 16 octobre 2008, la loi No 36 est promulguée et parait dans le journal officiel JO43/20/10/2008. Elle organise les institutions publiques rattachées au ministère de la Culture.
En vertu de cette loi, la Bibliothèque Nationale devient un établissement public sous la tutelle du ministre de la Culture.

2010
Au début de l'année, l'Etat du Qatar mandate l'agence d'architecture Erga Group pour les travaux de construction du futur local de la BNL à Sanayeh en suivant essentiellement le programme architectural. L'inauguration officielle des travaux a lieu le 28 décembre 2010.

Missons de la BNL

1- Conserver la production intellectuelle nationale publiée, quels que soient son genre et son support. Conserver les ouvrages et les documents relatifs à cette production en particulier et ceux ayant trait au Liban et aux Libanais en général, publiés ou conservés à l'étranger, préserver ces collections et œuvrer à les développer.
2- Répondre aux besoins culturels et scientifiques du public par l'acquisition de publications qui s'accordent avec la diversité culturelle du public libanais et son ouverture aux autres cultures du monde.
3- Promouvoir la production intellectuelle nationale par différents moyens et particulièrement par la publication de la bibliographie nationale.
4- Rendre accessible l'ensemble de ses collections au public intéressé, aux étudiants et chercheurs; promouvoir les collections et inviter le public à en profiter par les différents moyens disponibles.
5- Etre un centre d'excellence et de leadership pour les recherches concernant le livre, les bibliothèques et l'information, ainsi que pour le développement des professions relatives à ces domaines; développer les compétences du personnel technique qui travaille au sein de l'institution.
6- Contribuer au développement des bibliothèques publiques, développer leurs collections, améliorer et optimiser la qualité des services offerts, et ce dans le cadre de la politique publique adoptée par le ministère de la Culture dans ce domaine.

Fonctions de la Bibliothèque Nationale

I. Collecter les œuvres nationales et développer les collections de la Bibliothèque afin de devenir une institution de mémoire nationale.
A ce titre, elle est chargée de:
a. Assurer la réception de la production intellectuelle produite au Liban, sous toutes ses formes, et celle qui est déposée auprès d'elle au titre du dépôt légal ; en conserver de façon permanente une copie dans sa forme originale, quel que soit son support, et la mettre à la disposition du public.
b. Collecter la production intellectuelle, antérieurement produite au Liban, déjà mise à la disposition du public mais non déposée à la BNL ; en conserver d'une façon permanente une copie dans sa forme originale ou toute autre forme disponible.
c. Acquérir par achat, don, prêt, consignation, reproduction ou tout autre moyen légal:

  1. Tout document produit et mis à la disposition du public à l'étranger et qui a trait aux Libanais ou au Liban ;
  2. Les productions intellectuelles qui assurent une meilleure connaissance des Libanais et du Liban ou qui permettent une meilleure utilisation de la production intellectuelle libanaise ;
  3. Les grandes œuvres de la pensée humaine qui s'accordent avec la culture d'ouverture des Libanais et s'inscrivent dans leurs horizons culturels des différents domaines de la connaissance ;
  4. Les publications scientifiques qui répondent aux besoins du développement national.
II. Conserver la mémoire et la production intellectuelle
A ce titre elle est chargée de:
a. Conserver la copie originale des documents dans les meilleures conditions de préservation, en particulier ceux qui ont trait à la production intellectuelle nationale.
b. ‌Faire deux copies sur des supports matériels différents de l'original pour tout document nécessitant une urgente préservation et pour celui dont l'accès au contenu risque d'être entravé par les évolutions technologiques, et ce contrairement à toute autre disposition légale.
c. Assurer les conditions d'une conservation à long terme des documents numériques, qui permettent leur consultation quels que soient les changements technologiques au niveau des logiciels, des supports et des équipements.
d. Accomplir les travaux de restauration, de reliure etc. qui conviennent aux supports des documents conservés.

III. Traiter les collections de la Bibliothèque
A ce titre elle est chargée de:
a. Etablir les normes bibliographiques.
b. ‌Coordonner avec les éditeurs pour l'adoption du «Catalogage Avant Publication».
c. ‌Cataloguer et indexer les documents acquis pour constituer Le catalogue de la Bibliothèque et participer à la production d'un catalogue unifié entre les bibliothèques.
d. ‌Elaborer une bibliographie des articles et documents scientifiques mis à la disposition du public et jugés utiles pour les recherches en cours.

IV. Assurer l'accès aux collections de la Bibliothèque
A ce titre elle est chargée de:
a. Assurer le contrôle bibliographique national par la production et la publication de la bibliographie nationale.
b. Faire connaître ses collections et celles des autres bibliothèques et institutions partenaires et permettre leur consultation sur place ou à distance.
c. Aménager des salles de lecture permettant au public intéressé, chercheurs et étudiants, de consulter ses collections, sachant que le prêt extérieur n'est pas autorisé aux usagers individuels.
d. ‌Assurer la communication, le prêt, la location, l'échange, ou le don des documents mentionnés au paragraphe I (a.-b.-c.) selon les lois en vigueur.
e.Organiser des expositions, des activités culturelles, des conférences, des séminaires et des réunions scientifiques sur la production intellectuelle libanaise ou mondiale.


V. Développer le secteur des bibliothèques et de l'information
1-
Elargir, animer, développer et coordonner les services entre les bibliothèques et les centres libanais d'information et de documentation
2- Assurer le développement d'un réseau national de bibliothèques et de centres d'information et de documentation, organiser et coordonner leurs services.
3- Œuvrer à être l'institution de référence pour le livre, les bibliothèques et l'information. Développer les professions relatives à ces domaines ainsi que les compétences du personnel technique.
4- Développer les compétences du personnel de la BNL et participer à la formation de cadres spécialisés dans les domaines du livre, des bibliothèques et de l'information. A cet effet la bibliothèque organise des cycles de formation qui permettent de suivre les évolutions techniques et professionnelles.
5- Coopérer avec les universités enseignant les sciences de l'information et des bibliothèques ainsi que les métiers du livre afin que les curriculums universitaires répondent aux besoins des bibliothèques et des centres d'information et de documentation tout comme à ceux de la Bibliothèque Nationale.
6- Coopérer avec les universités concernées en accueillant en stage des étudiants en sciences de l'information, des bibliothèques et des métiers du livre.
7- Développer les compétences en conservation et restauration des collections de bibliothèques et des collections numériques et être pionnière dans ce domaine.

VI. Soutenir les bibliothèques publiques
Soutenir et encourager la lecture publique, en contribuant au développement des collections des bibliothèques publiques, en développant les services offerts, en assurant la coordination entre elles et en contribuant à la formation de leurs personnels.

VII. Coopérer avec les organisations régionales et mondiales
Viser l'excellence dans l'accomplissement de ses missions et ce par le développement de ses relations et la coopération avec les institutions culturelles et scientifiques nationales, régionales et internationales.

Photos et Vidéos